Kevin Braichet avait déjà tout compris, après neuf minutes de jeu. Après avoir inscrit le 0-1, d’un joli coup de patte du gauche, le milieu offensif veveysan a à peine célébré son but, tapant dans la main de ses coéquipiers avant de retourner dans son camp. Même chose pour le 0-2, quelques secondes plus tard, sur un bon centre en retrait de Jonathan Caeiro. A nouveau buteur, le n°14 du VS n’a pas exulté, remerciant simplement le Portugais pour son caviar. Là est tout le paradoxe de cette rencontre: il y a quatre mois, les deux équipes étaient séparées par une ligue d’écart, puisque Malley jouait en 1re ligue et Vevey en 2e ligue régionale! Réunies cette saison en 2e ligue inter, elles n’ont rien en commun, mis à part de fouler la même pelouse. Tout va très vite en football? Samedi, au Bois-Gentil, cela allait en tout cas trop vite pour l’ES Malley, battu finalement 0-8.
Le défi compliqué de Benoît Pythoud
Benoît Pythoud savait où il mettait les pieds, lorsqu’il a accepté de venir relever le défi malleysan (lire ici), mais le mal est profond. Cette équipe n’a pas gagné un seul match depuis… le 24 novembre 2012, face à Lancy (2-1)! Depuis? 2 nuls, une relégation et 22 défaites. Lourd pour le moral, forcément, d’autant que les signes encourageants ne sont pas nombreux. Il ne sert à rien d’être sévère avec Malley, surtout pas. Les données sont claires: il s’agit d’un club qui doit se reconstruire, avec de jeunes joueurs qui essaient. Tous n’ont pas un état d’esprit irréprochable? Peut-être, mais, à la décharge de tout le monde, entrer sur le terrain chaque semaine en sachant qu’un match nul serait un miracle n’est pas le meilleur moyen de se motiver. Benoît Pythoud est au devant d’un défi impossible: faire progresser une équipe qui joue à un niveau beaucoup trop élevé pour elle, tout en conservant un état d’esprit positif. C’est tout à son honneur d’avoir accepté ce défi, celui de tenter de maintenir la tête hors de l’eau à un club historique, riche de son passé et de son mouvement juniors (600 jeunes footballeurs!).
Jonathan Caeiro et Mickaël Dogbé: une question d’équilibre
Le FC Vevey n’a pas ses problèmes, loin de là: son équipe première est très performante, et Ugo Raczynski en est plutôt à se demander comment faire pour laisser autant de talents sur le banc, puisqu’il ne peut en aligner qu’onze à chaque fois. Le VS a des blessés et des absents, mais son effectif est de qualité suffisante pour que cela ne se voie pas trop. Après avoir essayé à nouveau d’aligner Mickaël Dogbé et Jonathan Caeiro ensemble la semaine dernière (défaite face à Collex-Bossy 0-1), le technicien veveysan s’était de nouveau résolu à « sacrifier » le Togolais au coup d’envoi. Une question d’équilibre, tout simplement, et les chiffres donnent raison à Ugo Raczynski: Vevey a perdu trois fois cette saison et les trois fois, les deux hommes étaient alignés ensemble… Et sinon, lorsqu’un seul de ces purs attaquants est aligné au coup d’envoi? Que des victoires!
A noter, quand même, que Vevey a obtenu deux succès lorsque les deux hommes ont été alignés en même temps dès le début (Perly-Certoux, 3-0, et Chênois, 5-0). Dommage pour le spectacle, et surtout pour Dogbé, un excellent attaquant, décisif à chaque entrée. Mais Johnny Caeiro est tellement fort (14 buts en 12 matches!) qu’il est indiscutable. A noter que le « joker » Dogbé en est à 10 réalisations, ce qui valide complètement le choix de l’entraîneur veveysan, qui n’a de toute façon pas besoin de nous pour savoir ce qu’il a à faire.
Vevey a la meilleure attaque de toute la 2e inter !
Car Vevey, aujourd’hui, est deuxième, quatre points derrière Stade-Lausanne-Ouchy (tenu en échec à Perly-Certoux samedi, 2-2), avec, tout simplement, la meilleure attaque de toute la 2e ligue inter, les cinq groupes confondus! Avec 38 buts, Vevey partage la première place avec Aarau M21 et Buochs, et cela en dit long sur la force de frappe du néo-promu.
Au Bois-Gentil, samedi, les Veveysans se sont offerts le luxe d’inscrire le nom de sept buteurs différents sur la feuille de match. Kevin Braichet a inscrit un doublé d’entrée, on l’a dit, avant que Cedrico Franja ne se fasse pardonner de son atroce raté de la 3e minute (seul face au but vide à quatre mètres grâce à un caviar de Benjamin Malnati, il n’a pas cadré) en inscrivant un joli 0-3. Le quatrième a été l’oeuvre de Thomas Pavlik, le latéral droit, dont la frappe était inarrêtable pour Julien Manière, le jeune gardien malleysan (né en 1996). 0-4, suivi tout de suite après le 0-5 de « Johnny » Caeiro, tranquille. La mi-temps allait même être atteinte sur le score de 0-6, grâce à un coup de tête du défenseur central français Sébastien Le Neün, sur un corner de Franja, juste avant la mi-temps.
Sans exagérer, Vevey aurait pu en mettre 10 sans que cela soit un scandale. Cedrico Franja, avec un peu plus de réalisme, aurait pu en inscrire deux de plus, tout comme Caeiro. La défense malleysane était prise de vitesse, dépassée par la puissance et la technique veveysanne. Mais pas question de faire reposer tout le poids de cette première période sur la défense des Stelliens: si Cyril Barnabo et ses coéquipiers se sont baladés, c’est d’un bout à l’autre du terrain, et pas seulement dans les seize mètres du pauvre Julien Manière.
L’ES Malley a clairement élevé le niveau en deuxième période
Une action du côté des Lausannois? Un vague coup-franc de Sandro Rigazzi, pas cadré. C’est tout? C’est tout. Et pour 45 minutes, c’est maigre. Mais Malley a montré de la fierté, et tant mieux. La deuxième période a été bien meilleure, à tous les niveau. Enfin, l’ES Malley a pu garder le ballon, et même le faire circuler. Meilleurs dans les duels, plus prêts des Veveysans, les jeunes joueurs de Benoît Pythoud sont clairement montés d’un cran. A 0-6, Vevey pouvait se le permettre? C’est vrai, et on ne va pas aller jusqu’à dire que le match s’est équilibré, mais enfin, Malley n’a pas été ridicule en deuxième période, loin de là. Blaise Kazé et ses coéquipiers n’ont pas été récompensés par un but, mais ils auraient très bien pu l’être, notamment sur une jolie action de Loïc Gaudiello (55e). Un 0-0 en deuxième période aurait pu être une autre récompense, mais Vevey a accéléré en fin de match. Fidan Suljik a soigné ses statistiques en ouvrant son compteur buts avec la I cette saison (85e), avant un joli travail de Mickaël Dogbé, entré en début de deuxième période (55e) à la place de Caeiro. Un crochet pour se mettre en position, une finition propre, pleine de sang-froid (89e): Dogbé rime avec efficacité. Score final, 0-8.
Vevey sera 2e à la trêve et Malley dernier, quoi qu’il arrive samedi prochain
Une première à domicile ratée pour Benoît Pythoud, déjà battu 4-0 à Sierre la semaine dernière? Vu le score, bien sûr. Mais la deuxième période est un motif d’espoir, et, mieux, une base sur laquelle travailler. « Pourquoi n’avons-nous pas joué comme cela en première période? » s’est interrogé à haute voix le nouvel entraîneur des Malleysans durant la deuxième mi-temps, s’adressant à ses joueurs. Il reste un match avant Noël. Vevey, assuré de terminer deuxième, voudra finir en beauté devant son public et, pourquoi pas, se rapprocher un peu de Stade-Lausanne. Malley, lui, entamera le deuxième tour en dernière position, c’est également une certitude. Mais une victoire à Chênois lui permettrait de croire au maintien et de passer un hiver pas tout à fait noir. Disons qu’une victoire aux Trois-Chênes serait bonne à prendre pour le moral. Et par les temps qui courent à Malley, ce serait déjà pas mal. Et, accessoirement, un succès lors de ce match permettrait au club de ne pas terminer l’année civile 2013 sans avoir gagné une seule rencontre…
Les hommes du match
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